Des formes de ce qui nous dépasse

L'art nous confronte parfois à des formes de ce qui nous dépasse, de ce qu'on ne comprend pas: le mystérieux, l'étrange, le révoltant, le déviant, l'absurde, l'incongru, l'imprévu, l'extraordinaire, l'insignifiant, le beau... Dans ce sens, je crois que l'art nous apprend à accueillir la vie. Et comme disait Robert Filliou: "L'art est ce qui rend la vie plus intéressante que l'art".

Dans "accueillir" j'entends le mot "coeur" et je me dis que "accueillir" c'est "cueillir dans son coeur" et que c'est un peu gnangnan mais tant pis: j'aime bien l'idée d'élaguer, d'élargir son coeur, de le débarrasser des vieux trucs qui traînent et de faire de la place pour les choses nouvelles que la vie nous offre bon gré mal gré.

Accueillir, ça demande du courage, de la patience et de la persévérance. Comme Sisyphe avec son caillou, la créature de Kafka avec son oeuvre, Friedrich avec sa poussière, Marie avec son Dieu. Il y a une vraie dignité, une élégance tragi-comique, une grâce complexe et un sombre bonheur dans le fait d'accueillir avec lucidité ce que la vie nous donne. Et l'art nous entraîne parfois à ce jeu.

Joëlle Valterio